Le samedi, 27 février 2010
16h30-18h30
PARC DE LA PAIX (à côté de la SAT: à l’angle des boulevards St-Laurent et René-Lévesque)

Un atelier/discussion sur la nordicité + le piratage de l’hiver et de la ville

Participant.es / Projets :

Sophie Le-Phat Ho * Commissaire invitée

Mots-clés : circuits, chicouté, colonialisme, énergie, féminisme, militarisation, Plan Nord, La Romaine, réchauffement climatique

Sophie Le-Phat Ho est une chercheuse et organisatrice culturelle de Montréal. Elle a fait des études en environnement et a complété une maîtrise en anthropologie médicale au Goldsmiths College (University of London). En tant que co-fondatrice d’Artivistic, son travail se situe à l’intersection de l’art, la science et l’activisme. www.artivistic.org

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Nina Segalowitz * Modératrice
Un des sujets qui me passionnent est l’identité Inuit et l’évolution de la culture Inuit au fur et à mesure que de plus en plus d’Inuits migrent vers les grandes villes. J’ai grandi dans une maison qui n’était pas Inuit et j’ai depuis découvert mon identité. Dans mon cheminement, j’ai dû poser un regard sur la manière dont sont représentés les Inuits dans les médias et dans la société, ainsi que la façon dont nous nous mesurons l’un par rapport à l’autre et la conséquence de nos jugements.

Mots-clés : culture contemporaine, vie urbaine, histoire, identité, aller de l’avant

Nina Segalowitz est née à Fort Smith, dans les Territoires du Nord-Ouest. Elle a grandi à Montréal dans une famille juive d’origine philippine. Elle a renoué avec sa communauté à l’âge de 18 ans. Elle défend fortement les droits des enfants, des femmes et des hommes autochtones. Sa force provient du fait qu’elle est à l’aise dans ces deux mondes et est en mesure d’aider l’un à comprendre l’autre.

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Mouna Andraos * Courtepointe d’hiver
Première présentation de la Courtepointe d’hiver, une installation hivernale pour grands champs de neige. Cette courtepointe d’extérieur, composée de trois sections de 14′ x 8′, est portable et rétractable et peut être installée à peu près n’importe où dans l’environnement urbain. Dans le cadre de alt_N.O.R.D., elle servira à marquer l’espace de rencontre et à le rendre un peu moins hostile à y passer quelques heures à discuter et échanger.

Mots-clés : cozy, surdimensionné, cousu

Mouna Andraos réinvente des objets électroniques de tous les jours avec une touche de poésie, d’humanité ou d’humour et alimente ainsi les conversations et l’imaginaire quant au rôle que prennent ces nouvelles technologies dans nos univers. Elle est présentement artiste en résidence à la Société des arts technologiques à Montréal où elle développe la courtepointe.

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Sofian Audry * Absences
Présentation de l’intervention électronique hibernante développée à Dawson City au Yukon (2009) dans le cadre de la série Absences.

Mots-clés : adaptation, art nature, intervention électronique, hibernation

Sofian Audry détient un baccalauréat en mathématique informatique, ainsi qu’une maîtrise en science informatique de l’Université de Montréal. Depuis 2004, il a développé différents projets installatifs et Web, tant à titre individuel que collectif. Il s’est joint à Perte de Signal en 2005 et a récemment complété une maîtrise en communication (UQAM, 2007). Son travail a été présenté au Canada, en Europe et en Asie, dans de nombreux festivals et lieux d’exposition.

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Matthew Biederman * Arctic Perspective Initiative
Sera offerte une brève vue d’ensemble et un compte-rendu des travaux actuels et futurs du Arctic Perspective Initiative. www.arcticperspective.org

Mots-clés : architecture, art/science, géopolitique, mobilité, médias tactiques

L’artiste des nouveaux médias Matthew Biederman est membre de l’Arctic Perspective Initiative, un groupe international d’artistes et scientifiques qui oeuvre à l’implémentation d’une structure architecturale mobile à source ouverte (« open source ») et centrée sur les médias, dans les régions circumpolaires.

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Julie Bourbonnais & Lucie Paquet * 138 vs. 1
Documentation subjective: un regard comparatif sur l’architecture de la route 138, Côte-Nord, Québec et de la route 1, Route Ring, Islande.

Mots-clés : architecture, base de données, nordicité

Lucie Paquet détient une maîtrise en architecture. Elle s’intéresse aux bases de données comme concept urbain et aux spécificités de l’architecture en climat nordique. Scénographe de formation, Julie Bourbonnais s’intéresse à la documentation comme processus artistique. Elle préfère l’hiver à l’été et attend toujours la neige cette année.

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Moe Clark & Emilie Monnet * Bird Messengers

Nous sommes profondément concernés par la destruction de la Mère-Terre et du mode de vie autochtone. Notre intention est de créer un lien entre la sagesse des peuples autochtones des Amériques, du passé au présent et pour les générations futures, à l’aide de contes et de chansons. À travers la transmission, la réflexion et l’action artistique éthiques, nous souhaitons célébrer les connaissances traditionnelles à travers la performance contemporaine défiant toute convention. C’est notre façon à nous d’essayer de contribuer à faire un monde meilleur.

Mots-clés : colonisation, destruction de la Mère-Terre, collaboration communautaire, aînés/jeunes, autochtones des Amériques, performance multidisciplinaire, enseignements sur les façons d’avoir une bonne vie

Bird Messengers est un collectif indépendant de deux femmes autochtones artistes de performance.

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Gretchen King & Squatter Andy * Homelessness Marathon
Le huitième Marathon de l’itinérance de CKUT 90.3 va encore une fois présenter 14 heures de radio propulsée par des gens et diffusée cette année en provenance de plusieurs villes canadiennes. Le but de cet évènement étant d’augmenter la conscience populaire face à ce sujet, le marathon permettra aux sans abris et leurs alliés de prendre les ondes et entraînera une discussion à l’échelle nationale sur les sujets qui touchent l’itinérance et les solutions possibles.

Mots-clés : radio communautaire-universitaire, sans abris, pauvreté

Gretchen King et Squatter Andy sont cofondateurs du Marathon de l’itinérance au Canada depuis 2003. Squatter Andy a passé sa vie à organiser au sein des pauvres de Montréal et a été, avec sa famille, un participant actif dans le squat Overdale/Préfontaine de 2001. Gretchen King travaille à la radio depuis 1998 et a cherché à user de ce médium comme ressource pour la mobilisation populaire, incluant la lutte des plus démunis.

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Véronique Meunier * Mandataire de l’Agence d’efficacité énergétique du Québec
« Il n’y a pas de mauvais temps, que des mauvais vêtements » —  Dicton norvégien

Mots-clés : adaptation, savoir traditionnel, innovation, nanotechnologies

Véronique Meunier détient une maîtrise en architecture et est recherchiste dilettante à ses heures. Elle cherche à mieux adapter les constructions nordiques et arctiques aux populations distinctes de ces régions. Elle envisage de prime abord les choses du point de vue du plaisir esthétique, avec un certain scepticisme général.

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Pieter Sijpkes * Experiments in Ice
Pieter Sjipkes exposera brièvement plus de 30 ans d’analyses de la glace et de la neige. Il a travaillé autant à grande échelle, dehors, avec des blocs de glace, de la neige et de la glace renforcée avec du nylon, qu’à petite échelle, à l’intérieur, en utilisant des techniques rapides de prototypage avec des petits robots dans des environnements glacials.

Mots-clés : glace, neige, structures, robotique

Pieter Sijpkes est un architecte qui enseigne à l’Université McGill depuis plus de trente ans. Né en Hollande, il a toujours été fasciné par l’abondance de neige et de glace au Québec. Les structures sociales et physiques représentent un de ses champs d’intérêts clés. Au fil des ans, il a beaucoup étudié les structures de neige et de glace.

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Charles Stankievech * Magnetic Norths
Produit par la Galerie Leonard + Bina Ellen, ce projet rassemble une exposition, des projections de films, des diffusions radio, des écrits et des propos oraux qui explorent 500 ans de l’histoire de l’expérimentation et de l’exploration dans l’Arctique canadien.

Mots-clés : colonialisme, communication, art conceptuel, électromagnétisme, militaire

Charles Stankievech est un artiste conceptuel dont le travail a fait partie de la Biennale d’Architecture de Venise, et a été exposé dans le Palais de Tokyo, Paris, et Eyebeam, New York. Ses écrits ont été publiés dans les journaux académiques du MIT et du Princeton Architectural Press, ainsi que dans les anthologies critiques et les catalogues d’artistes. Stankievech est cofondateur de l’école KIAC School of Visual Arts à Dawson City, Yukon, et il partage son temps entre l’Arctique et Montréal. www.stankievech.net

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Commande d’œuvre du Studio XX produite en collaboration avec la SAT (Société des arts technologiques) dans le cadre des activités de la Nuit blanche, alt_N.O.R.D. est un événement sur les thèmes de la résistance et de la nordicité. Le terme « nordicité » a été inventé dans les années 60 par le géographe et linguiste québécois Louis-Edmond Hamelin dans le but d’élaborer un vocabulaire pouvant lier les « cultures nordiques » entre elles au-delà des frontières traditionnelles.

Cette intention servant de point de départ pour alt_N.O.R.D., la nordicité sera l’objet d’un travail archéologique esthétique pour en faire ressortir (et déjouer) les codes et les normes utilisées pour définir l’espace hivernal. L’événement abordera la nordicité en tant que grammaire de pratiques et de relations de pouvoir et traitera l’hiver à partir du point de vue de la créatrice et du hacker. L’atelier/discussion prendra la forme d’une rencontre entre « interventionnistes de l’hiver » issus d’horizons variés, où la nordicité devient un objet de recherche, d’analyse critique, et contexte de création.

L’actuelle prolifération d’images du Nord n’est pas le fait du hasard. Alors que le réchauffement climatique – phénomène dont le monde industriel est responsable – touche particulièrement la région nordique, le Nord a depuis longtemps représenté une source de richesse et de contrôle aux yeux des puissants. La militarisation du Nord a été amorcée après la Deuxième Guerre mondiale, lorsque les autorités fédérales se sont mises à percevoir l’endroit comme étant ‘stratégique’ et représentant un potentiel de ressources immense. « Vision nordique » fut le titre d’un discours de la campagne électorale de Diefenbaker à la fin des années 50. Celui-ci prétendait que le développement du Nord contribuerait à l’amélioration des conditions de vie des populations de cette région. Il faut comprendre que la militarisation et l’éducation (en tant que technique d’intégration et/ou d’assimilation) vont de pairs. Ainsi, quelque temps après l’instauration des écoles fédérales, le gouvernement provincial, pendant la révolution tranquille, a lui aussi implanté son système scolaire dans la région alors qu’il portait un intérêt grandissant au développement des ressources hydro-électriques et minières du nord du Québec (ou « Nouveau-Québec »)1. Ce fut à la même période que le terme « nordicité » apparut.

Quelques décennies plus tard, le « Sommet mondial de la nordicité » de 1999 visait à combiner le commerce et la science dans le but de créer de nouveaux marchés dans les domaines de l’habitation, du tourisme, du transport et de la communication 2. Aujourd’hui, la marchandisation néocoloniale du Nord se poursuit sous le nom de « Plan Nord », un vaste projet de développement du gouvernement Charest qui, tout comme les projets de la Baie James et de Grande Baleine avant lui, est contesté par les peuples autochtones concernés et par d’autres. Tout récemment, des sondages montraient que les Canadiens aimeraient que le gouvernement Harper en fasse plus pour protéger (militariser) la souveraineté du Canada dans l’Arctique, région riche en énergie. En effet, nous avons les dirigeants que nous méritons. L’année dernière, le gouvernement fédéral dévoilait ainsi son plan de dépenses et de relations publiques dont le titre était « Stratégie pour le Nord du Canada : Notre Nord, notre patrimoine, notre avenir ».

La nordicité serait-elle un vecteur pour la mise en vente du Nord ou une notion qui a le potentiel de créer des liens réels? À l’école, on apprenait que la formation du pont terrestre entre la Sibérie et l’Alaska, le Détroit de Béring, avait permis la migration. Dans la même lignée, en Basse-Côte-Nord, sur la côte est du Québec, 15 petits villages sont reliés entre eux par une route strictement hivernale: la route blanche. De cette manière, les villageois munis de motoneiges ont la possibilité de renouer les liens et organiser des événements communs 3. Pour eux, « développement » et « Plan Nord » ont probablement une autre signification. En effet, la nordicité semble mettre en lumière une certaine tension entre liberté de mouvement et développement. Évidemment, le désir de rassembler les gens pendant l’hiver n’a rien de nouveau. Le Québec se vante également de ses activités urbaines hivernales, faites pour combattre la soi-disant ‘saison hostile’. Pourtant, cette hostilité semble être vécue de manière inégale alors que « la Ville » continue de « nettoyer » les rues en intimidant les sans abris et les pauvres en leur faisant accumuler les contraventions.

alt_N.O.R.D. a la volonté de faire exploser nos conceptions du Nord et de l’hiver en ville en rapprochant une diversité de projets artistiques et communautaires. L’installation extérieure Courtepointe d’hiver de l’artiste en résidence de la SAT, Mouna Andraos, accueillera ainsi cette rencontre pour une partie de la journée, autour de boissons chaudes et équipés de manteaux de fourrure. Le public est invité à découvrir les projets des participant.es et à prendre part à l’atelier/discussion construit autour des idées soulevées par ces initiatives. En situant ces idées chacune par rapport à l’autre (plutôt qu’en opposition), alt_N.O.R.D. se veut être une expérience générée collectivement afin de créer de nouveaux réseaux de signification; une occasion de se munir d’outils qui nous permettront de mieux pirater la nordicité.

Voir ou imprimer l’affiche d’alt_N.O.R.D
Graphisme: Amy Novak

Pour de plus amples informations: programmation at studioxx.org __________________________________________________________________________________

1 « L’histoire de l’éducation au Nunavik,” Commission scolaire Kativik: http://www.kativik.qc.ca/fr/histoire-de-leducation-au-nunavik (consulté en février 2010).
2 “Sommet mondial de la nordicité,”: http://www.scom.ulaval.ca/Au.fil.des.evenements/1999/01.21/nordicite.html et http://www.commercemonde.com/archives/janv99/janv99.html (consulté en février 2010).
3 « Basse Côte-Nord: Contrer la déroute,” Radio-Canada: http://www.radio-canada.ca/regions/cote-nord/dossiers/detail2.asp?Pk_Dossiers_regionaux=220 (consulté en février 2010).