Festival Les HTMlles 2014

Diyan Achjadi (Vancouver), claRa apaRicio yoldi (Londres), Alison Ballard (Londres), Beate Hecher (Vienne), Sandra Araújo (Porto), Cristine Brache (Londres), Francesca Fini (Rome), Anne Golden (Montréal), Myriam Jacob-Allard (Montréal), Markus Keim (Vienne), Nelly-Ève Rajotte (Montréal) et Sabrina Ratté (Montréal)

 

ÉVÉNEMENT SPÉCIAL

 

GIV (4001, Berri (105). Metro: Mont-Royal)
Entrée libre
12 novembre, 19h

Présentant dix œuvres produites entre 2010 et 2014, Mad Parade est une programmation de vidéo/film de 45 minutes conçue par Anne Golden (GIV). Elle réunit des artistes locaux et internationaux qui se rassemblent implicitement autour de l’idée de #zerofuture. La réutilisation d’images, les sons et la musique sont au premier plan. Les technologies « obsolètes » ou en voie de disparition et les technologies réémergentes utilisées et/ou critiquées par les artistes se faufilent à travers le programme. La projection sera suivie d’une réception et d’une période de questions avec les artistes présent-e-s.

Quand j’entends les mots «zéro futur», je pense à «pas de futur», et à l’hymne punk célèbre des Sex Pistols :

God save the queen
She ain’t no human being
There is no future
In England’s dreaming

Les paroles sont emmêlées, crachées et criées par Johnny Rotten. Bien que sorti en 1977, «God Save The Queen» semble avoir fait son chemin à travers plus de trois décennies, restant actuel et prémonitoire. Les paroles «England’s dreaming» continuent à résonner, puisqu’elles ont été choisies pour une histoire célèbre du mouvement punk par Jon Savage (England’s Dreaming: Sex Pistols and Punk Rock, 1991). La précipitation punk à toute vitesse vers l’oubli, dans cette chanson, offre une forme timide d’espoir:

When there’s no future
How can there be sin
We’re the flowers in the dustbin
We’re the poison in your human machine
We’re the future, your future

La musique et les bandes sonores familières et connues se font écho tout au long de ce programme. On y retrouve une version de «Over the Rainbow» (Harte Arbeit, Karger Lohn), le chant répétitif d’un mot chéri dans la musique country (Les soleils se couchent à l’ouest), des reprises de bandes sonores de jeux vidéo (Runtime Error) et un hymne national émouvant, bien qu’effrayant (Sign Off).

Les artistes de cette programmation se retrouvent autour de l’idée de zéro futur de manière implicite. Plusieurs artistes proposent une façon de repenser le travail et la culture à travers une influence marxiste (Keim et Hecher, Ballard, Brache) au sein de systèmes idéologiques actuels.

La réutilisation d’images, de sons et de musique est mise au premier plan. Myriam Jacob-Allard présente une liste compulsive du mot «maman» couplé d’images de couchers de soleil. Nelly-Ève Rajotte isole quant à elle des moments emblématiques extraits du film The Birds (Alfred Hitchcock, 1963) et les dispose dans une conversation avec des images de désastres. Un récit fictionnel à propos d’humains attaqués par des oiseaux violents est lié à des images documentaires de catastrophes épouvantables.

Oh God save history
God save your mad parade
Oh Lord God have mercy
All crimes are paid

«God Save the Queen» établit des liens entre la guerre et la culture de la surveillance orwellienne («All crimes are paid »). Totalitarian Nature (Cristine Brache) suinte la surveillance et le contrôle. Les mots «mad parade» ont circulé pendant une longue période. La tétralogie de Ford Maddox Ford sur la Première Guerre mondiale, Parade’s End, a été publiée en 1925. The Mad Parade est le titre d’un film de 1931 à propos des travailleuses de cantine près du front en France pendant la Première Guerre mondiale. Mad Parade est également le nom d’un groupe punk américain formé en 1982. Les paroles de la chanson des Sex Pistols se sont avérées très influentes, engendrant abondamment d’autres groupes, des livres et des reprises de «God Save the Queen». Cette chanson est remplie d’allusions à l’histoire et à la culture bien connues, mais elle répand aussi ses propres tentacules. Cette accumulation d’associations s’incarne dans White Sugar (Francesca Fini), un collage filmique joyeusement macabre, et dans Fragment edMemory (Clara Aparicio Yoldi), qui fournit des «preuves» visuelles de l’évaporation des connaissances.

Les technologies «obsolètes» ou disparaissant/réémergent se faufilent dans la programmation où elles sont critiquées et utilisées par Nelly-Ève Rajotte, claRa apaRicio yoldi, Sabrina Ratté et Sandra Araújo. Certains des signaux de cette programmation nous viennent d’un passé vidéographique, issu des formats/technologies obsolètes et de la nostalgie (dé)passionnée des créateurs.

Threading their way through the program are ‘obsolete’ or disappearing/reemerging technologies as employed and/or critiqued by Nelly-Ève Rajotte, claRa apaRicio yoldi, Sabrina Ratté and Sandra Araújo. Some of the signals in this program come to us from a video past, one of obsolete formats/technologies and the makers’ (dis) passionate nostalgia.

i
Nelly-Ève Rajotte, 2013, 1 min, sans dialogues
Distribution : GIV

Mélange apocalyptique de carnage et de catastrophe combiné à des extraits du film The Birds, «i» fait également référence à des technologies et des formes de vidéo obsolètes.

HARTE ARBEIT, KARGER LOHN (HARD LABOR, MEAGER PAY)
Markus Keim, Beate Hecher, 2013, 2 min, sans dialogues
Distribution : les artistes

En tant que version instrumentale particulièrement sucrée de la pièce « Over the Rainbow », les artistes démontrent ce qu’entraînent un travail difficile et un maigre salaire.

HER NOISE ARCHIVE: SYMBOL OF DEMOCRACY OR COMMUNIST UPRISING?
Alison Ballard, 2012, 5 min 5 s, anglais
Distribution : l’artiste

Un écran vidéo partagé qui est un hymne à la démocratie, un clin d’oeil à la propagande communiste et un manifeste sur le rôle des femmes dans l’art sonore.

FRAGMENT EDMEMORY
claRa apaRicio yoldi, 2013, 3 min 4 s, sans dialogue
Distribution : l’artiste

Cette vidéo traite du temps qui passe et de la façon dont la mémoire fonctionne. L’oeuvre participe également à l’idée que les voies de distribution traditionnelles sont en train de devenir obsolètes. Des nouveaux modes de production, de distribution et d’exposition contournent les objets matériels.

TRANSIT
Sabrina Ratté, 2011, 4 min 6 s, no dialogue
Distribution : GIV

À travers diverses manipulations, une carte illuminée de Paris est devenue un paysage électronique qui oscille entre l’organicité de la lumière et la rigidité des transitions.

TOTALITARIAN NATURE
Cristine Brache, 2013, 3 min 38 s, anglais
Distribution: l’artiste

Totalitarian Nature met en lumière la perception des « futurs d’aujourd’hui», explorant et examinant la surveillance dans les sociétés contemporaines ainsi que l’exhibitionnisme à l’ère des réseaux sociaux. La vidéo met en avant des questions telles que l’infantilisation des femmes et les codes restrictifs de la beauté.

WHITE SUGAR
Francesca Fini, 2013, 13 min 12 s, anglais

Un collage de films qui se déroule dans un désordre chaotique.?White Sugar est un film surréaliste qui intègre des documents d’archives du domaine public. Les figures féminines sont retirées de leur contexte d’origine et insérées dans de nouveaux tableaux qui deviennent de plus en plus dangereux.

LES SOLEILS SE COUCHENT À L’OUEST
Myriam Jacob-Allard, 2014, 7 min 38 s, français
Distribution : l’artiste

« Dans un premier temps, j’ai extrait le mot maman d’une cinquantaine de chansons de chanteurs country, de 1940 à aujourd’hui. Chaque mot a ensuite été associé à un coucher de soleil distinct, filmé par un amateur qui l’a diffusé sur Internet. Le mot « maman » (qui peut référer aux représentations idéalisées de l’enfance, à la Mère essentielle, à l’idée de l’origine, etc.) et le coucher de soleil (qui peut désigner le temps qui passe, l’idéal de l’Ouest, la disparition ou la perte d’un instant, la fin d’un cycle, etc.) sont juxtaposés pour créer une accumulation sans fin jouée en boucle. » – Myriam Jacob-Allardd

RUNTIME ERROR
Sandra Araújo, 2013, 4 min 12 s, sans dialogue
Distribution: l’artiste

Les jeux vidéo sont des systèmes émergents munis de relations internes propres et particulières. Cette animation écrase et déconstruit des espaces de jeux adoptant une multitude de formes, allant d’un défilement sur un axe à une présentation sur plusieurs écrans séparés.

SIGN OFF
Diyan Achjadi, 2010, 1 min 30 s, sans dialogues
Distribution : GIV

Sign off réinvente le générique de fermeture d’antenne qu’on présentait en fin de soirée, quand la télévision n’était pas un phénomène en activité 24 heures sur 24. Campé dans un monde fictif habité uniquement par des jeunes filles toutes identiques, Sign off parodie les thèmes patriotiques propres à ce genre maintenant passé à l’histoire.

 

Partenaire de programmation :
Groupe Intervention Vidéo (GIV)