Revendiquer la nuit : atelier de réalité augmentée sonore pour nos marches nocturnes

Participant·e·s

Samedi 13 août de 11h00 à 15h00 (en ligne)
Dimance 14 août de 15h00 à 19h00 (en présentiel)
Présentation publique le 14 août à 19h30
En ligne et en extérieur, au Parc La Fontaine
Atelier gratuit | En anglais | Inscrivez-vous via ce lien

Comment écouter de façon collective? Comment est-ce qu’on cartographie nos expériences genrées et spécifiques d’un lieu, et plus particulièrement de la marche de nocturne, à travers la narration? Et que nous disent ces récits sur la façon dont nous comprenons notre environnement?

Animé par l’artiste Amanda Gutiérrez et informé par ses recherches, l’atelier abordera la marche et l’écoute comme pratique féministe intersectionnelle et intervention politique stratégique. Ensemble, vous en apprendrez davantage sur la cartographie, la réalité augmentée, l’écoute attentive, la narration et leurs points de convergences. Vous serez également invité·e·s à réfléchir aux outils théoriques, éthiques et techniques impliqués dans ces processus.

Cet atelier se déroulera sur deux après-midi et sera suivi d’une présentation publique. Dans une première partie, vous serez initié·e à la cartographie subjective et ses outils. Cette présentation s’inscrira dans l’histoire plus large des médias tactiques et d’autres pratiques engagées qui font de la collectivité un outil de résistance et de création. Dans un second temps, vous travaillerez avec la réalité augmentée (RA) et le design sonore pour produire une promenade sonore RA autour du parc La Fontaine et d’un lieu de votre choix. Vous créerez des enregistrements de terrain qui seront ensuite intégrés dans un montage sonore et intégrés comme sons RA dans différents lieux. Le dimanche soir suivant l’atelier, vous aurez l’occasion de partager votre récit enregistré ainsi qu’une conception sonore collective dans le cadre d’une promenade sonore ouverte au public!

Activité gratuite avec places limitées! Pour vous inscrire, cliquez ici. Les inscriptions terminent le 22 juillet. Des questions? Contactez nous à info@ada-x.org

Crédit photo : Alexis Bellavance

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Une pièce sonore pour l’émancipation collective

Texte par Geneviève Wallen

« Combinant théorie et activités pratiques, cet atelier hybride de deux jours a permis d’explorer la marche sonore en tant que méthodologie de soin communautaire tout en encourageant l’agentivité collective dans la sphère publique. Par l’entremise de cet évènement, l’artiste multidisciplinaire Amanda Gutiérrez a offert aux participant.e.s un espace de réflexion questionnant les manières dont les paysages sonores, la cartographie subjective, la narration, les instances de solidarité et l’activisme s’enchevêtrent.  

L’approche critique de l’artiste contrecarre la diffusion d’une compréhension occidentale des environnements acoustiques; celle-ci privilégie plutôt les expérimentations sonores intentionnelles, locales et intersectionnelles. Lors de sa présentation en ligne, Gutiérrez a discuté de la place du son dans sa recherche actuelle portant sur l’écoute collective et ses relations avec la scénographie spatiale et les notions d’accessibilité, d’identité et de la mémoire. Elle a présenté des modèles d’analyse sensorielle qui prennent en compte des aspects de l’environnement bâti et des espaces sociaux. À l’aide de pistes de réflexion réfléchies, les participant.e.s ont partagé leurs expériences de déplacements nocturnes et ont discuté de leur positionnement identitaire en lien avec leurs constats, résultant d’une approche plus nuancée du mouvement féministe mondial « La rue, la nuit, femmes sans peur ». Mobilisant les femmes et les personnes non binaires depuis la fin des années 1970, cette manifestation nocturne soutient les survivant.e.s de violence genrée et défend le droit de circuler en toute sécurité dans les espaces publics sans craindre la violence masculine. Les investigations de Gutiérrez sur les déplacements nocturnes s’inscrivent dans un champ de recherches élargi sur la création d’archives sonores centrées sur les histoires orales et les subjectivités incarnées des femmes et des personnes queer racisé.e.s dans l’arène publique.

Pour la deuxième partie de l’atelier, la cohorte fut invitée à préparer une pièce sonore au parc Lafontaine pour une intervention publique. L’objectif était de produire une version intime de « La rue, la nuit, femmes sans peur » et d’inciter l’audience à faire l’expérience du paysage sonore créé par la cohorte. C’est par le biais d’une écoute profonde que les participant.e.s ont exploré leur environnement et sélectionné un endroit à épingler sur un programme de cartographie RA. Iels ont été encouragé.e.s à enregistrer les sons qui les interpellaient ou à créer une note vocale en réponse à l’espace qu’iels avaient choisi. Suivant une brève introduction au logiciel gratuit de cartographie RA, Echo, et au programme gratuit d’édition sonore, Audacity, les participant.e.s ont expérimenté avec les bases de la composition sonore. Lors de la présentation de ces technologies, Gutiérrez a souligné la nécessité de faire preuve de prudence et de prêter attention à leur histoire respective; par exemple, la RA a été conçue à l’origine en tant qu’instrument de surveillance militaire.

Lors de mon entretien avec Gutiérrez après l’atelier, elle m’a décrit la joie que lui a procuré l’opportunité d’introduire son processus et de collaborer à la conception et au montage d’une promenade sonore, une activité qu’elle développe normalement seule ou, à de rares occasions, avec des ami.e.s. Les contributions de la cohorte sont disponibles maintenant en ligne pour celleux qui désirent explorer ce projet collectif. Promenez-vous et laissez-vous porter par les expériences sonores incarnées rendues accessibles sur Echo. »

Geneviève Wallen est une commissaire indépendante, écrivaine, chercheuse et animatrice d’atelier basée à Tiohtiá:ke/Mooniyang/Montréal et Tkaronto/Toronto. Ses recherches se concentrent sur les plateformes de guérison PANDC contrecarrant les définitions néolibérales du bien-être.