Du 16 septembre au 16 octobre 2021
Du mardi au samedi, de 12h à 17h, les jeudis jusqu’à 19h
Chez Ada X

Merci de réserver une plage horaire via ce lien (une réservation par bulle / groupe de personnes). Le port du masque est obligatoire. Merci d’apporter vos propres écouteurs.

Présentée dans le cadre de l’édition Slow Tech du Festival HTMlles, l’exposition Matières à relations propose de suspendre le moment présent afin de contempler les temporalités propres au monde vivant et aux éléments, et d’y percevoir l’impact du geste humain. Alliant matières premières et des dispositifs technologiques nés de leur transformation, des cycles de vie qui transforment les écosystèmes à différentes échelles se dessinent. Dans un contexte d’urgence climatique, Matières à relations invite à ralentir pour repenser les liens entre nature et technologie.

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5 4 3 2 1, Josée Brouillard

En 1947, un groupe de scientifiques atomistes de l’Université de Chicago crée DoomsdayClock (l’horloge de l’apocalypse), un compte à rebours illustrant le danger imminent d’une guerre nucléaire. Josée Brouillard revisite cette horloge conceptuelle sous la forme d’une installation électronique interactive pour refléter les angoisses de notre époque contemporaine. Décomptant de 9 à 1, cette installation ne peut pas tout à fait arriver à zéro par elle-même. « Oseriez-vous déclencher la fin du monde? » nous invite à appuyer sur la pédale. Le compte à rebours arrive enfin à 0, il hésite, puis recommence. Dans ce court moment de suspension, rien ne s’est passé. Et ensuite? Tout en nous rappelant que ces boutons métaphoriques de fin du monde sont poussés tous les jours par des dirigeants d’industries, 5 4 3 2 1 nous invite à prendre une pause, et à considérer notre rôle dans l’élaboration de visions alternatives pour le présent.

Biidaaban: Première lueur, Lisa Jackson

Ancré dans le futurisme autochtone, Biidaaban: Première lueur est un voyage interactif en réalité virtuelle dans un Toronto de demain des plus réalistes — et radicalement transformé. Une place publique est inondée et son infrastructure, noyée dans la flore locale. De grands arbres ont poussé dans les fissures des trottoirs, et des vignes couvrent les murs orientés plein sud. Les gens se déplacent en canot et cultivent des légumes sur le toit des gratte-ciel. La vie urbaine s’épanouit.  En nous déplaçant dans cette ville, nous pouvons entendre les langues parlées en ce lieu qu’on appelait à l’origine Tkaronto et lire des textes wendats, kanien’kehá:ka (mohawks) et anichinabés (ojibwés). En explorant cette ville méconnaissable où la nature a repris ses droits, chacun·e est invité·e à réfléchir à la place qu’iel occupe dans l’histoire et au rôle qu’iel a à jouer dans l’avenir.

Cette oeuvre est une production de l’Office national du film du Canada.

Pour transporter une rivière, Charlotte Biron + Camille Lamy

Capter des sons, les conserver, les réécouter et découvrir leur pouvoir magique. À la fois installation sonore et mode d’emploi, Pour transporter une rivière est une invitation à s’attarder sur les bruits du monde naturel. D’abord invité·e à écouter une boucle audio de 15min, chaque visiteur·se peut partir avec le manuel pratique mis à sa disposition pour, à son tour, capter des petits bouts d’une nature qui s’efface. Dans un climat d’ecoanxiété, Pour transporter une rivière démystifie les technologiques d’enregistrement sonore dans une approche douce et sensible, et rappelle ainsi leur potentiel de réconfort et d’agentivité.

Écoutez la bande sonore via ce lien
Imprimez le manuel via ce lien | Comment plier un zine

Faraday Wear (5G) + The Waves, Kayla Anderson

Faraday Wear (5G) et The Waves forment une installation vidéo axée sur les équipements de protection individuelle (EPI) fabriqués à partir de matériaux qui bloquent les fréquences électromagnétiques (CEM). Faraday Wear (5G) est une série de vêtements et structures habitables contre-technologiques abordant l’anxiété liée aux technologies. Ces accessoires évoquent la manière dont nous choisissons de nous protéger de dangers invisibles et matérialisent les troubles anxieux physiques qui peuvent en découler. Dans le court-métrage, The Waves, les personnages portent des vêtements Faraday Wear pour protéger leur corps des champs électromagnétiques. Plutôt que de se couper de toute sensation, ils cultivent la sensibilité au monde en tant que pratique, en particulier la sensibilité aux choses difficiles à percevoir. À l’heure où les équipements de protection individuels (EPI) s’imposent, il apparait pertinent de se demander lequel serait réellement efficace contre de nombreux préjudices, aux premiers abords invisibles, comme l’injustice environnementale, le racisme structurel et les inégalités sociales.

Khipu, Constanza Piña

Khipu fonctionne comme une extension du corps humain, établissant un lien entre le monde naturel et la technologie numérique. Des antennes ficelées avec de la laine d’alpaga et du cuivre sont connectées à un amplificateur de champ électromagnétique, qui recueille les fréquences environnantes. L’œuvre intègre une nouvelle technologie sensorielle aux khipus traditionnels — innovation inca définie par Piña comme un ordinateur préhispanique et écologique qui consiste en une série de fils noués attachés à un long fil central. Numérique, le systèmes des khipus est un code dont l’interprétation n’est, pour l’artiste, ni essentielle ni possible dans une société dominée par les valeurs occidentales. En montrant comment l’interconnexion du corps et de la Terre a constitué la base d’une technologie ancestrale, Khipu revèle le potentiel de ce type d’approche dans le développement d’innovations technologiques en phase avec leur environnement.

La production de cette œuvre a bénéficié du soutien d’Ada X par le biais de son programme de résidence.

Dismantling Your Électroniques, Lou Fozin

Dismantling Your Électroniques est une installation interactive de réalité augmentée (RA) qui invite à explorer les minéraux qui composent nos dispositifs électroniques. L’installation se décline en un espace numérique ainsi qu’une série d’objets physiques. Des paysages sonores, des récits audio, des images, du texte, des modélisations 3D et des vidéos s’affichent en réalité augmentée après avoir balayé les marqueurs de RA avec un téléphone intelligent. L’œuvre aborde des enjeux géopolitiques et sociaux complexes liés à l’extraction des ressources nécessaires au maintien de nos vies numériques. Bien qu’une roche et un téléphone intelligent ne semblent rien avoir en commun, Dismantling Your Électroniques souligne la dépendance des technologies contemporaines pour les ressources naturelles.

Green Gazing, Ashley Bowa + Lesley Marshall

D’abord proposé comme discussion suivie d’une séance de mouvements méditative, le projet Green Gazing se décline en une installation interactive qui favorise une réflexion communautaire sur notre relation au vivant et les racines systémiques de la dégradation de l’environnement. Dans une pièce emplie de plantes, des données générées par la végétation et les gestes des visiteur·ses créent une œuvre sonore et vidéographique en direct. Les artistes nous invitent à réfléchir aux questions suivantes : Comment revisiter notre relation au monde non-humain? Quels sont les biais systémiques reproduits par les mouvements pro-environnement? Comment dépasser la notion de bien-être individuel pour imaginer des communautés de résistance? En complément de l’installation, un guide pratique est mis à disposition afin que chacun·e puisse explorer ces concepts dans son environnement naturel, peu importe ce qui le caractérise.

Imaginary Explosions, Caitlin Berrigan

Mettant en scène animations géologiques et intimités avec l’in/humain, Imaginary Explosions se veut une cosmologie spéculative d’une construction du monde. Dans cette série vidéo, la science contemporaine se mêle à l’art et à la fiction. Des scientifiques transféministes y interprètent des activités volcaniques à travers l’espace-temps en répondant aux désirs de la Terre minérale en provoquant l’éruption simultanée de tous les volcans. Cette œuvre est le fruit de collaborations et d’improvisations entre scientifiques, artistes et universitaires qui repoussent les limites de la science et de la culture dans le but dépeindre des versions fictives d’iels-mêmes à l’écran. Basée sur la recherche scientifique et suite à visites de volcans actifs, cette fiction explore les présents et les futurs possibles pour penser au-delà du cadre humain. Imaginary Explosions met l’accent sur les solidarités et les modalités sensorielles de communication avec les sujets géologiques, et nous invite à considérer comment le temps profond et la communication interespèces pourraient ouvrir la voie vers une transformation planétaire radicale.

Crédits:

Imaginary Explosions, Episode 1, Eyjafjallajökull, 2018
Avec: Yun Ingrid Lee, Rae Parnell, Caitlin Berrigan, helix pomatia snails, et Eyjafjallajökull. Compositions sonores originales: Yun Ingrid Lee. Voix off: Nina Støttrup Larsen. Tourné sur place at Gunnuhver, Eyjafjallajökull, et à travers l’Islande; Schloss Solitude, Stuttgart, Germany. Animation supplémentaire: Harry Sanderson and Lily Fang. Images d’actualité: Christopher Huppertz, Roman Pech, Fedrik Holm, teleSur TV, TageshauTV, ina.fr, BBC, CNN, Sky News.

Imaginary Explosions, Episode 2, Chaitén, 2019
Avec: Yun Ingrid Lee, Nicole L’Huillier, Daniela Catrileo, Karen Holmberg. Compositions originales: Yun Ingrid Lee & Andrie van der Kuit (2019), Nampülwangulenfe / Mapunauta par / Nicole L’Huillier & Daniela Catrileo (2018). Voix off: Edwina Portocarrero. Tourné à Chaitén, Chile; Berlin, Germany; New York City, USA. Mixage sonore: Sindhu Thirumalaisamy. Coloriste: Marika Litz. Images et séquences supplémentaires: Andres Burbano (Drone), Alfredo Barroso (Sous-marin), United Kingdom Virtual Microscope for Earth Sciences et ALMA (ESO/NAOJ/NRAO).

Ce projet a été soutenu, en partie, par le Centre for Geohumanities de l’université Royal Holloway, l’Akademie Schloss Solitude, la Henry Art Gallery, la Foundation for Contemporary Arts Emergency Grant, l’Académie des beaux-arts de Vienne, le projet Wassaic et Art in General.