HTMlles 2005, la septième édition du Festival.

Thème: périphéries + proximités

Une biennale internationale de cyberart: où les technologies rapprochent les continents, libèrent des voix créatrices et provoquent des actions collectives.

Cette année, le Festival HTMlles prend un nouvel envol sous la forme d’une biennale internationale de cyberart. Événement unique au Québec, il représente une occasion inédite de découvrir les créations de femmes travaillant avec les multiples facettes des technologies numériques et du Web. Inspirée par le thème «périphéries + proximités», la programmation propose un parcours novateur qui questionne l’effet des technologies sur les rapports sociaux et leur impact sur nos modes de vie. Performances, projets Web, conférences, installations interactives et micro-actions composent le programme, avec des artistes en provenance d’une dizaine de pays seront proposés au public en l’espace de seulement 4 jours!

Occasion inédite de partager et d’explorer les possibilités créatives du cyberart et des nouveaux médias, le Festival HTMlles représente un lieu de rencontres à la croisée de l’art, des technologies, de l’histoire des femmes et des perspectives sociales actuelles. Venez explorer avec nous ce programme fort relevé en découvertes et en émotions! C’est un rendez-vous!

Lieux et parcours

L’événement se déploiera dans divers lieux dont le centre catalyseur sera le Monument-National. Ce lieu revêt un sens particulier pour les HTMlles puisqu’il fut une des premières institutions au Québec à accueillir des groupes de femmes politisées qui s’inscrivent dans l’histoire du féminisme au Québec. Le Café du Monument-National accueillera des conférences, des tables rondes, des projets en réseau, une installation et des présentations d’artistes, un programme entier qui sera ouvert au public gratuitement. Entre autres, venez essayer les vêtements réactifs du projet de Millefiore Effect. Une expérience surprenante et ludique! Vous pourrez rencontrer sur place nos artistes invitées qui viennent entre autres du Brésil, de Belgique, des États-Unis et du Québec.

Au Monument-National, dans le Studio Hydro-Québec, nous présenterons également en première mondiale une commande d’oeuvre d’envergure conçue spécialement pour les HTMlles: Immanence de Susan Kozel et Mesh Performance Practices où la danse, embrassant les nouvelles technologies, se transforme en performance interactive. La promesse d’un spectacle surprenant et envoûtant, d’une artiste canadienne de renommée internationale! À la Balustrade, un groupe d’artistes belges, Constant, établira son poste de travail pour une micro-action qui durera plus d’une semaine: une recherche sonore et mobile qui les amènera vers le public pour documenter la culture du travail chez les femmes par un questionnaire retransmis sur le Web.

Les HTMlles bénéficient cette année d’une généreuse collaboration du centre d’artistes pour femmes, La Centrale: elles nous ouvrent les portes de leur espace, boulevard Saint-Laurent, pour une soirée toute spéciale de performances. Avec des artistes qui explorent le lien entre les instruments musicaux traditionnels et les technologies actuelles: Raylene Campbell, entre l’accordéon et le multimédia; les Nathalie, Dion et Derome, entre la parole, la musique et la vidéo; Suzanne Binet-Audet et ses collaboratrices avec une performance visuelle accompagnée des ondes Martenot et d’une conception sonore électronique. Une série inédite et originale qui promet chaleur et découverte!

Au Cinéma ONF se tiendra un événement spécial présenté en collaboration avec le Groupe Intervention Vidéo: un programme triple avec une programmation de vidéos inscrits sous le thème: Je t’ai à l’oeil – Surveillance(s) et technologie(s), suivi d’un cocktail qui précédera la première québécoise du long métrage de Caroline Martel Le Fantôme de l’OPÉRATRICE. Ce documentaire onirique nous fait découvrir une main-d’œuvre invisible qui a traversé le XXe siècle – celle des téléphonistes.

En soirée de clôture des HTMlles, venez découvrir au Studio du Musée Juste pour rire des artistes exceptionnelles qui sculptent le son sur des rythmes divers: les montréalaises DJ Cyan, DJ Jasmine, Alice + the Serial Numbers, K-project et des artistes venues de Croatie spécialement pour le public des HTMlles, GNU Girl Power Collective. Ce collectif d’artistes mélange avec humour logiciels libres, féminisme, DIY et raffinement, lançant des messages «copyleft» au public et jouant de la musique électro, low-fi, trash et dansante! Une première présence en sol montréalais à ne pas manquer!

Au Studio XX et au CDÉACF, deux micro-actions qui prennent la forme d’ateliers et de démonstrations techniques. Au Studio XX, Suzanne Binet-Audet fera découvrir les mystères des ondes Martenot et au CDÉACF, Isabelle Massu initiera les participant-e-s au logiciel libre SPIP, outil de publication sur Internet.

périphéries + proximités

Une des particularités du Festival HTMlles est d’inscrire la sélection des projets sous un thème différent à chaque édition. Cette année, les projets inscrits au programme propose un parcours d’actualité, entre les questions géographiques liées au thème, les outils technologiques et différentes perspectives sociales.

En voici les grands axes:

Le corps futur

Plusieurs projets explorent le futur du corps par des recherches sur la biotechnologie, le textile interactif, la mode sociable ou encore l’immatérialité de la téléprésence.

Le groupe d’artistes et de chercheurs brésiliens, Corpos Informaticos, offrira au public des HTMlles une performance en téléprésence et en direct durant 2 heures. Ce projet inédit, Ctrl-C Ctrl-C, explore les possibilités d’une interaction poétique dans un environnement télématique. Un questionnement et un imaginaire liés à la déterritorialisation du corps… Est-il seulement question d’une soumission aux demandes de la machine?

FRONT v3.0 de Millefiore Effect est né de la volonté de créer des vêtements répondant aux émotions vécues par celui qui les porte. Il présente deux costumes interactifs, à la fois offensifs et défensifs, qui illustrent certaines notions de conflit dans un combat cérémonial. La micro-action proposée par Joanna Berzowska, Textiles électroniques 101 : Construire les interrupteurs doux, est une introduction sur les textiles électroniques et les principes du design des circuits doux. L’américaine Beatriz da Costa, professeure et associée du célèbre Critical Art Ensemble, donnera une conférence sur ses recherches autour des technologies AIDC (Automatic Identification and Data Collection), de la biotechnologie et de divers modèles de science contestatrice.

Jennifer Willet, du groupe Bioteknica, développe un projet paradoxal sur les enjeux profonds et complexes que les biotechnologies soulèvent pour le futur de l’humanité. Katherine Moriwaki, une chercheure de Dublin, se penche sur le phénomène de la «mode sociable» [social fashioning], un processus considérant les vêtements comme le fil conducteur par lequel les gens se créent des réseaux dans l’espace public.

Les jeux de territoire

Alternant entre le politique et le ludique, une série d’oeuvres nous amènent au coeur d’une culture technologique issue de l’industrie militaire, de l’urbanisme électronique ou encore du jeu politique planétaire que le réseau Internet active par la communication collective et les logiciels libres.

Après Bruxelles, Utrecht et Berlin, Michelle Teran développe son projet Life: A User’s Manual spécifiquement pour Montréal. Cette performance est un parcours dans la ville au cours duquel les spectateurs arpentent les rues avec Michelle qui utilise un appareil à balayage pour diffuser en direct, sur un moniteur télé, les images captées des caméras de surveillance sans-fil qu’elle aura repérées au cours des jours précédents l’événement. Dans l’installation War Game Room, Tamara Vukov utilise le jeu de simulation d’entraînements militaires Full Spectrum Warrior, aujourd’hui commercialisé, pour rendre compte de l’imagerie guerrière qui façonne actuellement notre culture.

Divers projets Web abordent la question des jeux de territoire. Paula Levine (San Francisco⇔ Bagdhad) superpose à la ville de San Francisco les dégàts causés par la guerre en IRAQ en imaginant quels effets auraient eu les bombardements sur cette ville. Le projet se situe à la rencontre des technologies GPS, d’espaces physiques et du Web. Natalie Bookchin et Jaqueline Stevens posent des questions sur une alternative radicale de gouvernance politique et mondiale, incitant à une réflexion participative et collective via un lieu de partage et de discussion sur Internet (AgoraXchange).

Dans son projet Web, Jill Magid a utilisé les caméras de surveillance de la police de Liverpool pour explorer les notions de surveillance et d’archivage. Sous forme d’un journal personnel, ses lettres reflètent la relation intime qu’elle entretenait avec la police et la ville. Quant à Flatlandia, d’Amanda Ramos et Michelle Teran, il explore de manière conceptuelle la transformation de l’espace urbain en tant qu’ «espace de données». Emily Hermant, avec The Lies Project, fait le lien entre l’aspect réseau du cyberespace et les arts textiles traditionnels. Elle explore la thématique du mensonge et sa dimension culturelle, tout en questionnant les structures tissées par ces mots factices qui, à leur tour, gouvernent nos actions quotidiennes.

Culture sociale

Diverses artistes présentées dans le cadre des HTMlles traitent de culture sociale à travers des recherches et des oeuvres ouvertes sur la communication: des documentaires sur Internet, des projets intergénérationnels, des perspectives et des enquêtes sur le travail des femmes, des prises de positions sur les effets de la mondialisation, une vidéo-conférence en direct du Nunavut sur la documentation orale de la culture Inuit… Autant d’intérêts de la part de ces artistes qui utilisent la technologie pour documenter des réalités sociales.

Le projet Histoire Orales ou La «nouvelle» technologie est-elle vraiment nouvelle?, initié par Valerie Walker et Chantale Dumas en collaboration avec le Studio XX, propose une réflexion sur les relations intergénérationnelles. Deux équipes d’interviewers, des adolescentes ainsi que des femmes d’àges variés, ont réalisé une série de documentaires radiophoniques, retransmis également sur le Web, relatant l’expérience personnelle d’aînées et leur rapport à la technologie. Présenté en lien avec le projet Histoires orales, une correspondance via Internet avec le Nunavut, présentée par Igloolik Isuma Productions, nous fera découvrir en direct des femmes de diverses générations qui collaborent actuellement au tournage d’un film et au développement d’un site Internet qui documentent la culture orale des Inuits. Une rencontre surprenante et rare, avec des jeunes femmes et des femmes àgées pour une discussion sur leur rapport à la technologie et à la culture.

Le collectif Constant [Laurence Rassel, Marie-Françoise Stewart-Ebel, Wendy Van Wynsberghe] interrogera le public des HTMlles pour son projet Cuisine Interne Keuken, une recherche sonore et mobile sur la pratique culturelle féministe comme travail. À l’aide de 17 questions, de micros, de mini-discs, de logiciels libres, et de leurs pratiques croisées d’artistes et de travailleuses culturelles, 3 femmes arpenteront les HTMlles et tisseront des liens entre nos expériences. En rapport avec cette thématique viennent aussi celles des relations humaines et de la condition féminine, abordées par Isabelle Massu dans son projet d’atelier Woman/Work, où elle introduit le SPIP – un logiciel libre d’édition très prisé dans le tissu associatif français.

Andreja Kuluncic, avec son projet Web Distributive Justice, aborde des sujets tels que la distribution libre des marchandises matérielles ou immatérielles, ainsi que la participation et les processus de décision collectifs, avec des jeux Internet et des aspects pratiques. Quant à l’artiste indienne Shilpa Gupta, elle semble offrir aux visiteurs de son site Web la chance de recevoir une bénédiction de la religion de leur choix. Dans son projet Web Blessed Bandwith, elle explore la relation entre la religion, la politique et la globalisation, des thèmes récurrents dans son œuvre.

Sons et images libres

Une série de concerts et performances amènent à l’avant-scène montréalaise des femmes musiciennes, conteures, djs, vjs, manipulatrices d’instruments anciens et nouveaux, électros et logiciels libres. Pour vous surprendre et sortir des sentiers battus, pour faire éclater le verbe, le son et l’image, librement.

Dans une soirée spéciale, trois performances avec des artistes qui explorent le lien entre les instruments musicaux traditionnels et les technologies actuelles. Nathalie Derome et Nathalie Dion ont créé pour les HTMlles Le bon voisinage, une performance inédite, sonore et visuelle, divisée en trois parties : les chantillons – petites chansons ludiques – interprétées par Nathalie Derome; la performance poétique, dansée et chantée, de Nathalie Dion; et leur duo d’improvisation vocale, visuelle et vidéo.

Raylene Campbell propose I Dream Eye, une performance audio/vidéo qui incorpore le S.I.E. [système d’instrument étendu], de l’accordéon improvisé et une installation vidéo. Et finalement, vous verrez La revanche des Opératrices, un programme de mixes vidéos et d’improvisations musicales présenté en grande primeur et qui met en vedette Suzanne Binet-Audet, spécialiste reconnue des ondes Martenot, accompagnée par Karèya Audet jouant avec des éléments de la trame sonore du film Le Fantôme de l’Opératrice [Caroline Martel, 2004]. Les images jouées par VJ Faux amie sont tirées de matériel inédit ayant servi à la composition du même film, et captent la performance en temps réel. En soirée de clôture des HTMlles, venez découvrir au Studio du Musée Juste pour rire des artistes exceptionnelles qui sculptent le son sur des rythmes divers: les montréalaises DJ Cyan, DJ Jasmine, Alice + the Serial Numbers, K-project et des artistes venues de Croatie: GNU Girl Power Collective.

Web links:
http://www.htmlles.net/07/